Le Chien, la nuit et le couteau
de Marius Von Mayenburg | Printemps 2012 - Centre Segal, Montréal
Le spectacle est une expérience envoûtante qui place le spectateur au coeur de l’action alors que les trois comédiens déploient toute leur audace et leur démesure pour créer un espace de jeu unique. Dans un lieu qui se transforme, ils invitent le public à les accompagner dans un voyage hors du commun.
Dans cette pièce, Mayenburg nous plonge dans un monde apocalyptique où la réalité semble avoir été renversée. Sans qu’on ne sache pourquoi ni comment, la nuit a pris la place du jour, et le sable a envahi la ville. Il n’y a plus d’eau ni de nourriture. Affamés, les hommes en sont rendus à la pire des extrémités… le monde des humains est devenu celui des bêtes.
Ce nouveau système dévoile soudain toute l’absurdité de celui que les hommes construisent depuis la nuit des temps. Les avocats deviennent des criminels, les policiers des bourreaux et les hôpitaux des boucheries. Le grand ordre humain élaboré depuis des siècles est arrivé à sa fin. Sous les décombres de l’humanité, la nature de l’homme refait surface. Et la seule loi qui demeure, c’est la loi de la jungle.
Dans cette nuit inquiétante, M – homonyme de l’auteur ? – tente de trouver son chemin jusqu’à l’aube. Il ne sait pas s’il fait un rêve, mais tout son parcours en suit la logique. L’espace et le temps sont constamment déformés, et les personnes qu’il rencontre se ressemblent étrangement. Pourtant, de ce rêve, M ne peut pas se réveiller. Il doit donc trouver un moyen d’y rester… vivant. Pour survivre, il doit se défendre et devenir un prédateur à son tour. Ou, au contraire, il doit faire confiance à des inconnus et risquer des alliances. En d’autres termes, il doit vaincre sa peur pour réapprendre à vivre avec les autres.
À la manière de Kafka, Mayenburg use de la métaphore surréaliste pour parler de son époque. En effet, le monde sans pitié qu’il décrit offre beaucoup de ressemblances avec le nôtre où notre individualisme nous transforme parfois en de véritables bêtes sauvages. L’appât du gain qui installe entre nous une compétition féroce scinde véritablement notre monde entre proies et prédateurs. Pourtant, alors que les ressources de notre planète menacent de s’épuiser, il est plus que jamais temps de vaincre notre peur pour apprendre à vivre ensemble. Le projet collectif nous semble le seul salut de l’humanité.
Crédits
Texte
Marius von Mayenburg
Traduction
Hélène Mauler et René Zahnd
Mise en scène
Mireille Camier
Interprétation
Gabriel Coutu, Amélie Langlais et Antoine Beaudoin Gentes
Musiciens
Mykalle Bielinski et Simon Déry
Assistance à la mise en scène, dramaturgie et régie
Sophie Tremblay-Devirieux
Direction de production et promotion
Amélie Bourque Gagnon
Décor
Sylvianne Binette et Catherine Bernier
Costumes et accessoires
Amélie Jodoin, Sabrina Gagnon Dubois et Sarah Sloan
Éclairage
Mélissa Perron
Direction musicale
Marie Rondot
Production
Productions Quitte ou Double
Photos : Valérie Sangin